Pédaler pour aller au travail, c’est compliqué ! (article du Midi libre 8-10-2018)

Ils doivent souvent rouler sur la chaussée, se mettant en danger!

 

1. « Les pistes cyclables s’arrêtent net »

« Le problème des pistes cyclables, c’est qu’elles s’arrêtent net, témoigne Nelly Pirot, qui habite à Grabels et travaille à Montpellier. Je me retrouve d’un coup au milieu des voitures qui roulent vite. Parfois, je passe sur les trottoirs, en évitant les piétons. Il y a des passages agréables, comme la descente sur la ville, mais d’autres sont dangereux. Mon conjoint, qui travaille à Malbosc, s’est fait renverser sur un rond-point. »

 Et quand il s’agit d’emmener la petite chez sa nounou, dans une carriole accrochée derrière le vélo, mieux vaut faire attention ! « Cela ne dure que trois minutes, heureusement… »

Bref, pas question de sortir sans son casque, mais pas question non plus de renoncer au vélo : « Je mets autant de temps qu’en voiture, sauf que ça me permet de m’aérer l’esprit et de faire du sport. »

2. « l’impression de ne pas être légitime »

Revenu il y a six ans en France, après cinq ans en Finlande – où le vélo est beaucoup plus développé -, Charles Dassonville a dû s’adapter. « Au début, je ne savais pas si j’avais le droit de rouler sur les rails du tramway. Une personne de Vélomagg (vélos en libre-service) m’a répondu : “Vous pouvez rouler où vous voulez mais vous n’êtes jamais prioritaire”. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ça correspond bien à l’impression des cyclistes de ne jamais se sentir légitimes là où ils roulent. »

Charles, qui met vingt minutes pour rallier Antigone, où il habite, et Celleneuve, où il travaille, n’est pas mal loti. « J’ai des pistes cyclables presque tout du long. Mais il faut composer avec les piétons et les voitures sur la piste, le passage devant le lycée Jules-Guesde qui est catastrophique, la traversée de Celleneuve, étroite et embouteillée… »

Son parcours – 6,5 km en vingt minutes – prend toutefois moins de temps qu’en tram ou en voiture. « À vélo, je suis plus zen qu’en voiture. Le matin, ça réveille, et le soir, je m’aère la tête après le travail. »

3. « les voitures me frôlent en doublant »

S’il est difficile de circuler à vélo, ça l’est encore plus avec un biporteur (vélo cargo) de 60 kg à vide et 80 kg avec deux enfants ! « Quand une voiture est garée sur la piste cyclable, je suis parfois coincée, comme avenue Bouisson-Bertrand, témoigne Aline Periault, qui effectue le trajet domicile-école-crèche-travail en trente minutes.

« Mais le plus dangereux, ce sont les voitures qui me frôlent en doublant, explique la mère de famille, qui n’oublie jamais de mettre son casque. Au début, je me disais que les automobilistes feraient attention vu que je transporte des enfants, mais non. Et j’arrive parfois très énervée au travail… ».

4. « moins stressant qu’en voiture »

Chaque jour, Benoît Nabholz avale les 11 km entre Maurin, où il habite, et le campus Triolet, où il enseigne, en 35 minutes. « Ça se passe plutôt bien puisqu’il y a une piste jusqu’à Lattes puis les bords du Lez, explique-t-il. À Antigone, il vaudrait mieux séparer les piétons des cyclistes. Et près du lycée Mermoz, c’est délicat. Mais je préfère ce trajet à d’autres. Entre le rond-point du Grand-M et l’avenue de Lodève, par exemple, c’est dangereux. »

Mais “la petite reine” a trop d’avantages à ses yeux. « C’est plus rapide et moins stressant que la voiture. Et je profite du vélo pour me déplacer sur le campus. »

Guillaume Richard du Midi libre 8-10-2018