Les «Vélorutions»

Ces dernières années, des rassemblements historiques de vélos ont eu lieu à Montpellier

  • Le 24 septembre 2023 : Accélérons le changement ! Tous et toutes concernés !
    Depuis 2018, Montpellier évolue positivement vers une ville cyclable et marchable. Il reste néanmoins du chemin à faire.
  • Le 24 septembre 2022 : Soyons acteurs du changement ! Nous voulons une ville où piétons et vélos pourront se déplacer en toute sécurité, et avec plaisir, qui offrira à chacun le choix de sa mobilité.
  • Le 6 juin 2021, enfin Ma ville cyclable, c’est maintenant ! les vélos sortent du confinement.
  • Novembre 2020, confinement oblige Tous à vélo se mue en manifestation virtuelle. Le site créé pour l’occasion est ouvert à tous ceux qui souhaitent raconter leur rêve de ville cyclable.
  • Le 10 Nov. 2019, #TousàVélo 2700 vélos se retrouvent place de la Comédie pour faire du vélo un enjeu des élections municipales 2020.
  • Le 16 Mars 2019, les vélos roulent pour le climat pour une « Mobilisation historique de vélos » (Midi-Libre) qui investissent l’avenue de Toulouse pour un die-in lors de la marche pour le climat. Suite à cette mobilisation massive, l’avenue de Toulouse sera transformée en Mars 2020.
  • Le 10 Nov. 2018, Manifestation cycliste #JeSuisUnDesDeux, 1500 vélos se réunissent sur le parvis de la mairie pour réclamer une véritable politique cyclable, et enclenche le tournant de la politique cyclable de Montpellier.

A l’origine, les Vélorutions sont des manifestations à vélo faites occasionnellement, qui ont pour but principal rendre visible le cycliste. Elles ont lieu partout dans le monde sous des formes aussi variées que leurs noms, tels que Vélorution, Manif à vélo, ou Masse Critique. Voici quelques informations à leur sujet.   Les débuts (en France). Dans les années 70, la politique de Pompidou cherchait adapter la ville à la voiture. Cette politique était insérée dans le cadre d’une mode mondiale : suivre un modèle de progrès et CriticalMass_Budapestmodernité marquée par des villes étendues et un accroissement dans le nombre et de la vitesse des voitures. Les villes ont commencé à se voir littéralement coupées par des quatre-voies, qui agissaient comme des vrais murs. Et à Paris, le projet d’une autoroute sur les berges de la Seine a fait descendre les cyclistes dans les rues. Un mouvement social très contestataire est né. Les manifestations cyclistes avaient commencé. C’est en 1972 qu’un journaliste utilise le terme dans le titre d’un article «Vive la Vélorution» pour parler des actions menées lors de la Journée mondiale du vélo, organisé par les Amis de la Terre. Le mouvement de l’époque était animé notamment par René Dumont (voir son arrivée à vélo à Lille pour la présidentielle de 1974), Mouna (André Dupont), dit Aguigui Mouna, sujet d’un reportage de 1989 et personnage emblématique des manifs à vélo parisiennes jusqu’à sa mort à la fin des années 1990), ou encore Brice Lalonde. L’époque a été marquée en 1972 par le rapport du Club de Rome, The limits to growth, «Halte à la croissance?», puis en 1973 par le premier choc pétrolier: le vélo est donc l’alternative sobre qui évite l’importation de pétrole.

Présidentielle – René Dumont et son arrivée à vélo par dm_50768a0cb7c75   Les «masses critiques». Aux États-Unis, une manifestation cycliste a eu lieu à San Francisco en 1992, et elle a été la début d’une grande série de Critical Masses, «Masses Critiques». Le nom vient de la pratique des cyclistes dans les villes chinoises, qui s’accumulent aux intersection jusqu’au moment où ils représentent une masse suffisante pour s’imposer face à flot de voitures. Les «masses critiques» américaines décrivaient à l’origine souvent des manifestations non déclarées, effectuées le vendredi soir à l’heure de pointe, et sans parcours défini. L’absence d’organisateur était une idéologie affirmée, la xerocracy («photocopiecratie»: le citoyen photocopie et distribue les tracts qui lui plaisent), avec un idéal anarchiste, mais aussi une raison pratique face à des policiers agressifs: que peut faire la police face à des centaines de cyclistes, qui affirment tous qu’ils passent là par hasard sans suivre personne, et qu’ils ne gênent pas la circulation mais disent We are traffic, «nous sommes la circulation»? Le terme de «Masse Critique» s’est popularisé, y compris en France, mais en décrivant généralement des manifestations plus traditionnelles (le week-end, souvent le premier samedi de chaque mois, en suivant un parcours déclaré par les organisateurs, sous l’œil à peu près bienveillant des policiers…). Claire Morissette L’exemple canadien. Plus que par les États-Unis, les militants français ont pu être influencés par les techniques militantes particulièrement originales des cyclistes de Montréal et de leur emblématique chef de file Claire Morissette (auteur d’un livre à succès: Deux roues, un avenir).   Le cyclo-nudisme, un échec en France. En juin 2001, alors que des bicifestaciones (vélofestations) classiques avaient déjà eu lieu, une association de Saragosse (Aragon, Espagne) a lancé un appel international à manifester à vélo, tout-nu. Cet appel a rencontré un succès inattendu en Espagne et dans de nombreux autres pays, avec des manifestants intégralement nus, ou portant des sous-vêtements ou des masques selon la culture de chaque pays. Le slogan initial était desnud@s frente al tráfico, «nu(e)s face à la circulation». En France, ces manifestations ont eu peu de succès et se sont traduites par des arrestations pour exhibition sexuelle (à Paris en 2007).   Les objectifs. Selon les intérêts de chaque région, les buts peuvent varier.

  • Se rendre visible: c’est l’objectif le plus courant. Les automobilistes se préoccupent souvent uniquement des autres voitures, négligeant la présence peu encombrante d’un cycliste. Et pourtant le nombre de passagers est souvent le même entre les deux véhicules !
  • Exiger le droit de passage à un endroit stratégique. Plusieurs associations cyclistes sont nées avec le but très ciblé de permettre ou de faciliter le passage des vélos sur un pont important en ville ou en périphérie (comme à Nantes sur le pont de Cheviré, seule traversée de la Loire à l’ouest de Nantes) ou sur une voie ferrée désaffectée (association les Dérailleurs de Caen), et ont organisé des manifestations à vélo pour soutenir cet objectif.
  • Affirmer que le vélo réduit les bouchons. Eh oui ! Les Vélorutions réduisent les bouchons dans le sens que, si chaque participant conduisait une voiture, la ville ne serait assez vaste pour la contenir ! Certaines manifestations ont illustré le phénomène, soit en entourant chaque vélo d’un cadre aussi encombrant qu’une voiture (manif «spatiale» à Montréal), soit en payant un ticket de stationnement pour y tenir une buvette ou toute activité autre que de garer une voiture.
  • Dans le même sens que le point antérieur : améliorer la qualité de l’air, réduire la pollution auditive (propre aux coups de frein, d’accélération, de klaxon), dégager la voirie pour le plus grand bonheur des piétons, etc…
  • Et bien sûr: s’amuser, faire le clown… toute animation originale donne aux participants l’envie de revenir, en même temps qu’aux journalistes une raison de parler de la manifestation.

Recommendations. Pour qu’une Vélorution puisse se dérouler de la meilleure façon, certains aspects doivent être pris en compte :

  • Avant de se rendre à une manifestation à vélo est important de vérifier le bon état du vélo : freins, chaîne, vitesses et pneus sont les points les plus importants. Ils faut prendre en compte que un groupe nombreux ne pourra s’arrêter tout entier si quelqu’un crève un pneu.
  • Chercher à connaître l’itinéraire de la manifestation (s’il y en a un). Comme ça, si on doit s’arrêter un moment (appel téléphonique, crevaison ou autre) on pourra toujours rejoindre le groupe.
  • Se rendre visible. Pour que voitures et piétons nous voient il faut se faire remarquer. Les lumières et gilets refléchissans ne sont demandés par le code de la route que la nuit hors agglomération, mais lors d’une fête telle qu’une vélorution on peut aussi se rendre visible à l’aide des panneaux avec des slogans, des vêtements de couleur ou encore des tracts à distribuer… de quoi témoigner du passage des cyclistes!
  • Respecter les priorités. Prendre en compte qu’en utilisant les trottoirs on utilise le seul espace où un piéton s’estime en sécurité. Rouler à son allure et ne pas utilser systématiquement la sonnette, c’est leur accorder un espace et une priorité qui leur appartient, mais c’est aussi leur accorder la possibilité de nous le rendre plus tard (s’ils sont des automobilistes, par exemple).
  • Rester en groupe. Un conducteur pressé peut tenter de se faufiler en profitant d’un espace dans le groupe. Pour assurer la sécurité de tout le groupe, il est nécessaire de rouler ensemble en gardant en tête le principe de la masse critique : plusieurs vélos ensemble s’offrent la sécurité que un seul n’en a pas. Il est important que des cyclistes bloquent les rues perpendiculaires jusqu’au passage du tout dernier manifestant, surtout si un automobiliste semble nerveux: en effet s’il arrivait à s’insérer dans la manifestation de cyclistes, il pourrait être pris de panique et tenter une manœuvre dangereuse.
  • Éviter les provocations. Conduire une voiture à Montpellier est une expérience déjà assez exaspérante, entre les bouchons, les sens uniques et les feux du tramway souvent mal réglés. Alors autant on peut leur dire «à vélo, vous pourriez circuler et vous garer», autant il est malvenu de bloquer les automobilistes pour le seul plaisir de les bloquer: ils sont déjà bloqués tous les jours et auraient du mal à comprendre le message!